Où traîner quand on est enfant ? A l’école ? Par Pala ! C’est trop banal ! A la maison ? Mais y’a rien à faire… Chez mère-grand ? Par la culotte d’un Kirkegaard ! Et puis quoi encore ? Pour se faire pincer les joues et jouer le coursier avec un petit pot de beurre et des galettes ? (et se faire manger par un Blaur en chemin)
Mais non ! Nous sommes à Vésén crédpala ! Ici, les enfants on les élèves dans les mines et à la Bieur Môsieur ! (ou môdame)
Autumn n’était donc ni à l’école, ni a la maison, ni chez mère-grand-mais-que-tu-as-de-grandes-dents. Elle était dans un bar. Mais contrairement à la majorité des poivrots, elle bossait. Posant la dernière caisse elle récupéra l’argent que lui tendait le partons, qui lui offrit une Bieur gratuite, la remerciant d’être là pour délivrer un bon et vrai produit de Vésén et pas cette daube chimique des grandes cités civilisées.
La jeune woltarienne le remercia d’un signe de tête et tandis qu’elle continuait dans la rue, elle arracha le bouchon avec ses dents et le passa dans sa main. Elle les collectionnait.
Le gout amer-rafraichissant de la Bieur familiale coula dans sa gorge et elle s’en régalait. Mais à force de boire en marchant, il est possible de perdre sa concentration, et elle trébucha. Ce n’est pas l’égratignure qu’elle se fit qui la dérangea, mais plutôt que le petit bouchon de métal avait roulé et était tombé dans les égouts.
Toute personne logique se serait contentée d’un dommage et aurait repris sa route. Oui, mais Autumn n’était pas une personne normale, loin de là.
Alors que la rue était déserte, l’enfant utilisa toute la force de ses petits bras et souleva la plaque d’égout. Par la barbe fleurie de Pala ! C’tait lourd ! Mais elle réussit. (on vous passera les jolies insultes dues à l’effort)
Et hop, sans plus de manière, elle se jeta dans le trou, arrivant sur le sol ferme de l’endroit.
Dans l’obscurité, seule le trou à la surface laissait un peu de lumière et elle put récupérer l’objet de ses désirs. En se redressant, elle sentit un souffle chaud sur sa tête, suivit d’un grognement et d’un liquide visqueux qui ressemblait à de la bave.
Elle n’avait pas assez de lumière pour voir ce que c’était, mais Autumn, pas bête, devina que c’était très très gros (le double de sa taille quoi) et qu’il y avait des chances pour que ça ait faim. Et pas que l’idée de finir en casse-croute lui déplaisait, mais elle avait d’autres plans. Sur ce.
Tournant les talons elle commença à marcher doucement dans le sens opposé, style, le truc, tu m’a pas vu et à la revoyure ! Mais les bruits de pars, que dis-je, de griffes, sur le sol avançant vers elle acheva de la convaincre qu’il fallait courir.
Et comme quand on est poursuivi par une grosse bête poilues, baveuse et affamée, il est coutume de pousser un grand cri de fillette, elle s’exécuta, courant comme elle n’avait jamais couru. Au bout de cinq minutes de poursuive dans les égouts dans un triste état, elle n’entendait plus rien derrière elle et supposa qu’elle avait semé le truc, d’ailleurs elle croyait apercevoir au tournant la lumière de la sortie. Elle tourna donc, mais prise dans son élan, elle ne vit que trop tard qu’il y avait quelqu’un en face d’elle. Elle freinant, mais la couche de vase sur le sol lui donna des ailes (ou plutôt des patins, des ski ou ce que vous voulez qui colle avec le contexte) et PAF collision et PLOUF dans l’eau (enfin… si s’était QUE de l’eau).
Maintenant restait à savoir si tomber avec quelqu’un dans cette eau grouillante de choses plus ou moins vivantes était plus ou moins sûr que d’aller faire un câlin à la bête.