Toi qui vient de loin

Citation :: Mon père m'a abandonné, il est parti sans même me prévenir. Pourquoi tant d'injustice ? Je n'ai rien fait de mal...

Zoey, comme souvent, sillonne la ville à la recherche d'une occupation, n'importe quoi pourvu que ça l'occupe. Ses cours sont finis, et elle n'a pas envie de rentrer tout de suite dans son petit studio en bordure de la ville.
Alors qu'elle marche, seule, elle aperçoit un oiseau qui semble la regarder, la défier du regard.
C'est comme si il m'attendait, comme si il voulait me dire quelque chose pensa-t-elle.
Elle s'approcha donc encore et aperçut la bandelette qui enserrait la patte de l'animal. Elle s'approcha encore, en douceur pour ne pas effrayer l'oiseau. Arrivée près de lui elle lui caressa la tête, comme pour gagner sa confiance. Puis elle récupéra la bandelette, qu'elle déroula et lut rapidement. Elle relut le message plusieurs fois. Elle connaissait ce sentiment.
Aussitôt, elle saisit un stylo, et écrit sur une nouvelle bandelette un court message à l'attention de cet inconnu.

Citation :: Mes parents m'ont abandonné alors que je n'étais qu'une woltarionne. Pourtant je ne me rappelle pas avoir fait quoi que ce soit de mal... Ce sont des choses qui arrivent il paraît. Tu n'as sûrement rien fait de mal, j'en suis sûre. Mais tu verras, on s'en remet.
Moi c'est Zoey.

Elle avait hésité un moment avant de rajouter cette dernière phrase. Mais pourquoi pas après tout tenter de connaître un peu plus cet inconnu qui semblait vivre la même situation qu'elle. Et puis, elle ne serait pas contre un nouvel ami.
Elle attacha son message à la patte de l'oiseau, et après une dernière caresse sur sa tête, elle le laissa s'envoler et le suivit du regard, tandis qu'il s'éloignait.
Puis elle partit à son tour, le message bien serré dans sa paume.

Citation :: Je suis descendu alors que c'était interdit. Mais papa n'était pas là pour préparer mon petit déjeuné, j'ai pleuré... Je n'ai jamais connu ma mère, et voilà que mon père aussi se débarrasse de moi. Il ne m'aimait pas.
Moi c'est Jay. J'habitait dans la campagne de Vésén, au coeur d'un champs de mines désaffectées.

Impatiente d'avoir des nouvelles de son nouveau correspondant, elle se précipita vers la tour PoWo la plus proche. En arrivant, elle chercha le zoitate des yeux mais ne le vit pas. Déçue, elle eut peur d'avoir effrayé la personne qui lui avait envoyé le message. Elle soupira et regarda l'horizon par la fenêtre. Et la joie l'envahit. L'oiseau était de retour, immanquable, son plumage vert-krenouille resplendissant dans le ciel. Elle le laissa se poser, contenant difficilement son excitation puis elle se saisit du message, après avoir défait le ruban rouge.
Jay... Drôle de nom. Et Vésen! Elle en avait entendu parler dans ses cours de géographie. Ça devait être bien comme endroit. Mais elle ne se laissa pas le temps de rêver, saisissant un papier et un stylo et entamant sa réponse. Une mine? Elle ne savait pas vraiment ce que ça pouvait être. Peut-être une nouvelle forme d'immeuble qu'ils n'utilisaient pas ici, à Bégy.

Citation :: Enchantée Jay! Moi je viens de Bégy. Avant je vivais à l'oprhelinat, mais maintenant, je vis toute seule comme une grande, dans un petit studio en bordure de la ville pas très loin d'un parc. C'est comment une mine?
Et je pense pas que ton père ne t'aimait pas. Il lui est peut-être arrivé quelque chose! Il n'a pas laissé un mot, ou quelque chose?
Moi par contre, je pense que mes parents ne m'aimaient pas. Sinon, pourquoi m'aurait-il abandonné alors que je n'étais qu'une woltarionne. Parfois, j'aimerais bien les connaître.

Elle plia soigneusement son mot, et l'attacha à la patte de l'oiseau.

Vole petit oiseau, vole.

Murmura-t-elle en suivant des yeux l'oiseau qui avait pris son envol vers sa destination lointaine: Vésen.

Citation :: Une mine, c'est un trou dans une motte de terre, c'est l'entrée d'une galerie qui appartient à un réseau de tunnels sans fin. On y travaille pour extraire des minéraux, des pierres, des métaux. Je crois que mon père en a possédé quelques unes.
Non, il n'a rien laissé. Ca ne lui ressemble pas tu sais, bien qu'il n'ait jamais été très paternel avec moi. Il m'a éduqué "parce qu'il faut bien" mais il aurait été mieux sans moi. On me reproche toujours de n'avoir jamais été sage mais il me semble que j'aurais été un meilleur fils s'il avait été un meilleur père.

Quand l'oiseau avait finalement disparu à l'horizon, elle était redescendue de la tour, et avait repris sa balade jusqu'à la tour suivante. L'après-midi avait finalement pris un tour intéressant, et elle marchait maintenant d'un pas décidé à travers les rues de la ville. Elle profita cependant de son trajet pour parcourir de petites rues qu'elle ne connaissait pas encore. Aussi quand elle arriva dans la tour, le zoitate était déjà là, posé sur un perchoir, lissant ses plumes de son bec, tandis qu'un message l'attendait accroché à la patte de l'oiseau. Elle s'en saisit en souriant et déplia rapidement le morceau de papier pour lire la réponse de Jay.

Drôle de chose que cette mine. Il n'y avait décidément rien de tel à Bégy. Mais ça devait être bien si on pouvait y trouver toutes ces choses. Elle passa sa main sur le pendentif de son collier, songeuse. Elle aimerait bien voir à quoi ressemblait une mine elle aussi. Un jour peut-être.
Ainsi son père était parti sans rien dire... C'est vrai que c'était étrange, surtout si ça ne lui ressemblait pas. L'idée d'un mauvais fils ou d'un mauvais père n'avait pas vraiment de sens pour elle, qui n'avait jamais connu son père et n'avait jamais eu la chance d'être une fille pour quelqu'un. Elle se demanda ce qui caractérisait un bon d'un mauvais enfant. Peut-être qu'elle avait été une mauvaise fille. C'était pour ça que ses parents l'avaient abandonnés. Peut-être qu'elle avait fait quelque chose de mal finalement. Cette idée l'attrista au plus haut point, et elle sentit les larmes lui monter aux yeux tandis qu'elle se saisissait d'un papier et d'un stylo.
Elle resta hésitante, la pointe du stylo au dessus du papier, puis elle se mit à son tour à écrire.

Citation :: D'accord. Nous on a pas de mines à Bégy. Mais on a des maisons et même des immeubles. Certains sont tellement hauts que je ne vois même pas leur sommet!
Tu sais, je ne pense pas que tu étais un mauvais fils. Ton père devait t'aimer, j'en suis sûre, même si il ne le montrait pas. Peut-être qu'il ne savait juste pas comment le dire.
Mais tu n'étais pas un mauvais fils.
Tu sais, moi j'aurais aimé avoir un père. Ou une mère. Juste... quelqu'un. Mais non, je suis seule. Depuis toujours. Peut-être que j'ai été une mauvaise fille. Peut-être que j'ai fait quelque chose de mal.

Une larme avait coulé le long de sa joue pour tomber sur le papier, épargnant heureusement l'écriture serrée de la woltarienne. Elle renifla, roula le morceau de papier et laissa l'oiseau le porter vers sa destination lointaine.
Pendant ce temps, elle essuya les larmes qui menaçaient de couler le long de ses joues, et elle sortit de la tour.